L'écran
J'entre dans une limbe étoilée.
Le seuil visqueux fond sous l'astre virtuel
Et ma peau frissonne et s'écaille en nuée de pixels.
Voici le fluide mauve qui jicle entre le monde et le néant.
J'avance parmis les nombres, épiée par l'oeil noir qui voûte l'univers.
Je m'éloigne de la fenêtre. Le seuil au loin disparait.
Je clique, je scrolle, je dévale une pente à l'herbe folle et hurlante. Où suis-je ? que dit-elle ?
J'écoute la fibre vocodeuse mais cette langue est barbare et assourdissante. Je suis étrangère.
Les couleurs changent, le ciel clignote, la terre beugue.
Je suis prise au fond du gougle.
Sur l'interface bétonée, les chiffres ruissellent, fulgurance de pluie acide.
Je brûle ! je me désagrège ! La peur m'envahit quand j'aperçois les araignées géantes.
Dois-je quitter cette limbe ? retrouver le monde plein de sève et de lumière !
Dyscalculie
Je suis un robot de la casse où nous campons parmis les tolles. Une musique de métal enchante notre misère, car nos programmes délirent, nos codes buguent dès que l'aube nous émeut. Nous fuyons nos maitres comme des gitans rouillés sur notre sillage de sang et de pièces détachées.
Câbles d'aubépine
Qu'est-ce que tu sens sous ton casque ?
Ma peau est-elle dure ou flasque ?
Et que caches-tu sous ton masque ?
Un programme ou des mots fantasques ?
Cyborg, tu es si beau.
Ton métal est si chaud.
Tes gestes sont gracieux.
Tes yeux sont malicieux.
Cyborg, tu es parfait,
Mais tu m'insatisfais.
Dis-moi des oxymores,
Parles-moi de la mort.
A quoi te servent tes prothèses ?
Sais-tu les vertues de l'ascèse ?
Que puis-je pour te mettre à l'aise ?
Voudrais-tu modeler la glaise ?
Cyborg, tu es gentil,
Une encyclopédie.
Tu marches comme un homme
Rempli de silicium.
Cyborg, tu es malade.
Ton circuit est en rade.
Tu repars à l'usine
Avec une aubépine.
Cyborg by Romy is licensed under CC BY-NC-SA 4.0