Que j'avalasse, que je vomisse la vie et la mort, j'étais ivre. Les élixirs, les poisons que je busse dans ma fièvre faisaient ma gaité, chaque poussière, gouttelette, fumée, cristal et chaque piqure, bouffée, trace, gorgée. Hallucinée, sédatée, stimulée, bourrée, je vis clair dans le néant la solitude apparaitre. Ainsi que je frôlasse quelques seuils de l'existence, juvénile et précipitée, mes sens faillirent dans cet espace éternel. Au confin du corps, loin, atrocement loin du coeur, je doutais que l'azur et la péridotite teignissent ma drogue. La joie hurlante aux retours des voyages inertes réveillait la grâce amniotique. Dans un élan de futur, je gagnai la terre, je foulai des champignons et des herbes monstrueuses, je trempai dans la fange, m'élançai dans les chasmes pleins d'eau et de silence. De cet envoûtement dont je revinsse en loques, d'horreur et de beauté, mon délire oublié, je m'endormis sur une pensée frêle : que l'amour et la poésie me garantissent la vie.
À Sasha Elkatib, alias DJ Falafel.
Dans l'asile aux frontières confuses,
Je jouais seule aux échecs.
Puis, je sentis la voix désastreuse,
Et le rire chaud et sec
De cet enfant hirsute et sorcier
Que sa torture et son viol
Rendirent son génie suplicié,
Que son rale et son envol
Firent tomber l'échiquier.
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